Que justice soit faite! par Mroué Houssam

L'autre jour une folle envie d'évasion m'empressa de prendre le volant de ma voiture, et de rouler jusqu'à nul part, un nul part qui soit loin, tranquil et pacifique ! Il n’était encore que le début de l’après-midi, et c’est au rythme de Strauss et de Bethoven que je me suis retrouvé dans un coin perdu de mon sud adoré, dans un océan de collines et d’oliviers centenaires. L’atmosphère était paisible, réconfortante et envoûtante à tel point que la culpabilité de jouïr seul de la vie, me plongea durant quelques instants dans un chagrin nostalgique !
Si seulement la nature pouvait s’exprimer et râler sa rage de cette espèce que nous sommes !

L’autre fois, mon cher ami, Ibrahim Tyan affirmait sur son blog dans l’un de ses merveilleux articles, que lorsque Dieu, le miséricordieux créa la terre et qu’il s’était rendu compte qu’il avait fait du Liban, un coin du paradis ici-bas ; Afin d’équilibrer cette image d’Eden qui ne doit éxister que dans l’au-delà, il décida d’y introduire, le libanais. A mon tour, je confirme ses affirmations et vais encore plus loin en disant que si le libanais a été créé, c’est tout simplement afin d’attirer l’attention sur l’erreur fatale de l’éxistence humaine face à la splendeur et l’immensité de l’univers dans son ensemble !

Après une guerre fratricide qui engendra des milliers de morts, des conflits sans interruption, des occupations étrangères de notre cher Liban… le libanais est aujourd’hui prêt à affronter son frère, tout simplement parce qu’il lui demande de participer à ses côtés au pouvoir ! Et vous me dîtes que le libanais n’est pas un acharné de l’emprise politique, et ce même s’il doit éliminer son frère afin d’obtenir satisfaction ?

Toujours dans mon véhicule, alors que le soleil commençait peu à peu à plonger dans la profondeur terrestre, quelque part très loin dans l’horizon, et que la lune se préparait à éclairer pendant de longues heures la moitié de la planète condamnée au néant total, la pression de mon cœur entonnait la mélodie de la mélancolie.

A présent c’est terminé ! La lumière du jour s’était miraculeusement évaporée et les étoiles ont décidé de guider mon chemin périlleux vers l’aurore de la vie, vers l’infini de la pénombre que l’on appelle familièrement, la nuit !

Tout autour de moi me faisait peur. J’avais l’impression que des marionnettes invisibles secouaient les arbres qui m’entouraient de partout, et que nos fameux cèdres du Liban me barreraient la route lorsque mon heure aurait sonné ! La puissance du vent dissimulait une vengeance divine, un destin qui me ferait goûter les plus sombres supplices que nous avons fait endurrer à cette ancienne Suisse du Moyen-Orient…

Dans ce contexte de hantise je vis ou du moins crû voir au bord de la route, plus précisemment au côté gauche, des enfants étalés les uns sur les autres, recouverts de sang et de poussières… L’un d’entre eux semblait me fixer droit dans les yeux, et se mit à sanglotter dans un vacarme ahurissant ! Je reconnaissais cette « Guernica des temps modernes »… C’était les enfants de Cana morts durant le dernier conflit au Sud-Liban, qui réclamaient que justice soit faite ! Vous ne pouvez pas imaginer le sentiment de déchirure qui bouillonnait en moi, à la vue de ce massacre !

Tout était noir autour de moi, mis à part cette si lointaine lune qui rôdait juste au dessus de ma tête, un peu comme un témoin incapable de s’exprimer, mais qui vous aide à voir ce qui aurrait été inaperçu sans sa présence si bien remerciée ! Le sentinel sur lequel je roulais à vive allure, semblait ne pas avoir de fin… C’est comme si l’univers n’avait plus de frontières, et que le chemin du pardon était désormais inaccessible.

Quelques minutes après avoir aperçu « les esprits » de ces pauvres innocents sauvagement massacrés, cette fois c’est sur le côté droit de la route qu’était couchée une pauvre dame, avec un nouveau-né accroché à son sein, essayant de taiter un lait sans doute noir, tel l’état dans lequel se trouve sa mère, m’interepellant par ses yeux globuleusement mouillés… Juste à ses côtés, une fumée de poussières laissait difficilement entrevoir une demeurre détruite qui malheureusement ne demeurrait plus ! J’avais compris que ces 2 innocentes personnes avaient succombés quelques heures seulement après que leur maison ait été la cible de missiles destructeurs et génocidaires israéliens.

Qu’est-ce qui m’arrivait ? Me demandais-je. Pourquoi une simple promenade devait-elle de la sorte se transformer en un terrorisant cauchemar ? C’est incroyable de voir comment de la merveilleuse escapade au son de Strauss, j’ai attéri dans un monde sombre au chant du cri de ces victimes de l’injustice ? C’est tout simple, je devenais fou, et ces hallucinations seraient les prémices de ma nouvelle maladie !

Toujours en avançant dans la pénombre de la nuit, mon choc atteignit son paroxysme en apercevant derrière un vieux olivier, la silhouette de…. Feu Rafic Harriri ! C’était la rencontre de trop ! Pourquoi tous ces morts devaient-ils m’interepeller seul dans ce coin perdu de la terre ? Peut-être que j’étais mort et que je me trouvais désormais dans ma nouvelle demeurre ? Cela dit, je me suis arrêté cette fois-ci, et tentais d’entamer une discussion avec ce grand homme que représentait Feu Harriri pour notre pays ! J’essayais d’avancer à grands pas de fourmis vers l’ombre dans lequel il se trouvait, et soudain, il me demanda de m’arrêter sans avoir pu le voir de plus près !

Il m’affirma simplement qu’il était en colère contre le premier ministre actuel, Mr Siniora, et qu’il voulait que le monde connaisse sa position face à ce qui se passe actuellement au Liban !

« A l’heure où les libanais sont plongés dans une crise sans précédent, dans une misère terrifiante, et dans un dangereux coma politique ; Mr Siniora et son révoltant orchestre salissent ma mémoire, au nom d’une soit-disant formation de tribunal international ! Je ne dis pas qu’il ne faut pas créer ce tribunal, bien au contraire ! C’est le seul espoir pour un avenir meilleur au pays du Cèdre ! Le problème est que le cabinet Siniora prétend vouloir découvrir la vérité, en alignant face à lui, une partie honorable de libanais qui ne réclament qu’un meilleur avenir ! Je voudrais savoir qu’a-t-il fait face au dernier conflit israélien ? Il y a eu plus de 1200 innocentes victimes et nous savons tous qui a commis ces crimes ! Ils connaissent la vérité, et ne font rien pour réclamer justice ! Qu’ils reviennent à la réalité et commencent à œuvrer à l’unité des libanais ! Tous nos compatriotes veulent savoir qui m’a assassiné, bien que je le sache moi ; Tous les libanais veulent vivre en paix et ont le droit d’être représentés au pouvoir par des personnalités dignes du plus grand respect ! »… C’est sur ces belles paroles que je me suis réveillé au bord d’une reposante rivière, couché à l’ombre d’un olivier ; il n’était que le début de l’après-midi !

Maintenant j’avais tout compris ! C’est grâce à tous ceux qui ont versé leur sang que nous profitons aujourd’hui de ce paradis terrestre qui s’appelle le Liban ! Essayons d’allier cet éden à un peuple qui aurait le mérite d’y vivre ! Comme le réclament les carnavaliers du 14 mars pour le meurtre de Feu Harriri, les innocents civils morts entre juillet et août derniers et même avant, voudraient que justice leur soit rendue !

Feu Harriri n’est pas mort pour les partisans du 14 mars seulement, et de même, les civils massacrés par l’entité sionniste n’ont pas payé le prix de leur sang pour la seule survie du Sud-Liban ! Ils ont tous été victimes des ennemis du Liban, des partisans de Lucifer, au simple nom de l’unité de notre pays…

Respectons le sang encore chaud de tous nos martyrs, sans la moindre distinction !

Le Liban n’est ni le 08 mars, ni le 14 mars, mais bien le 22 novembre, résultat de l’union du 8 et du 14 !

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